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Au procès des assistants parlementaires du FN, la défense malaisée de Julien Odoul et Nicolas Bay

Il y a une chose fascinante, au Rassemblement national (RN), c’est la discipline. Marine Le Pen a une fois pour toutes fixé la ligne au procès des assistants parlementaires européens, dans lequel plusieurs membres du parti sont soupçonnés, notamment, de « détournement de fonds publics » – on n’avoue rien. Alors la brochette de prévenus défile, depuis le 30 septembre, devant le tribunal correctionnel de Paris en s’accrochant jusqu’à l’absurde à des versions improbables. Au vrai, ils n’ont guère le choix. Avouer, c’est être condamné à une mort politique certaine.
Alors, chacun argumente comme il peut, selon son talent propre. Témoin Julien Odoul, 39 ans, aujourd’hui député de l’Yonne, conseiller régional de Bourgogne et porte-parole du parti. Il est censé avoir été l’assistant parlementaire de l’eurodéputée Front national (FN) Mylène Troszczynski d’octobre 2014 à juillet 2015, pour un contrat dont il a perçu 56 000 euros.
En 2014, justement, M. Odoul, après un bref passage au Parti socialiste, puis à l’Union des démocrates et indépendants (UDI), rejoint le Front national. Il croise Philippe Martel, le directeur de cabinet de Marine Le Pen, et lui dit que « son vœu le plus cher » serait de travailler avec elle. L’homme de 29 ans a déjà un peu d’expérience, les dents longues, et Philippe Martel lui écrit le 12 septembre : « Ouf, c’est OK. Montage financier dans une semaine. » « Alléluia ! ! », répond le jeune homme. « Tu seras peut-être pris en charge par le Parlement européen, lui annonce le directeur, ce qui est parfaitement neutre. » « Aucun problème », assure M. Odoul.
C’est ainsi qu’il devient attaché parlementaire de Mme Troszczynski, qui ne l’a jamais rencontré avant son embauche. Il est ravi, prétend que l’eurodéputée (qui ne s’en souvient pas) lui avait demandé « de se rentre utile » au siège du parti, à Nanterre, quand elle n’avait rien à lui faire faire, et il est bien vite devenu, « de façon bénévole », « sur son temps libre » et après sa dure journée de travail comme assistant parlementaire, « conseiller spécial de Marine Le Pen ».
M. Odoul assure avec aplomb qu’il a bien été l’assistant de l’eurodéputée, même si « travailler avec Marine Le Pen était mon choix initial, ça n’a pas pu se faire, je le regrette ». Il n’y a pourtant aucune trace de son travail pour le Parlement, et la présidente du tribunal a des doutes. D’autant que le jeune ambitieux a écrit, le 16 octobre 2014, à Philippe Martel : « Concernant les modalités, peu importe le montage. Je suis vraiment motivé pour travailler au cabinet, elle ne le regrettera pas. »
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